► Anora, le renouveau du cinéma américain
Anora, la Palme d’or du dernier Festival de Cannes, arrive en salles le 30 octobre. Si son réalisateur Sean Baker, 53 ans, est une figure du cinéma indépendant américain, il est encore peu connu en France, au-delà du cercle des cinéphiles.
Tout en énergie survoltée, son film raconte la rencontre dans un club érotique des bas-fonds new-yorkais, entre une danseuse d’origine ouzbèke et le fils d’un oligarque russe. Mariés à Las Vegas au bout d’une nuit alcoolisée, ils se retrouvent poursuivis par les sbires du milliardaire pour faire annuler le mariage.
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Le cinéaste réussit la prouesse de concilier une comédie d’action menée tambour battant et un regard acéré sur une élite mondialisée profitant sans scrupule du pouvoir que lui confère l’argent. Une sorte de Pretty Woman trash et contemporain.
► Le come-back controversé de Francis Ford Coppola
Megalopolis est sans doute le dernier film de Francis Ford Coppola et porte bien son nom, tant tout est démesuré dans cette œuvre inclassable, aux accents testamentaires – son ambition démesurée, sa gestation de plus de quarante ans et un budget colossal de 120 millions de dollars dans lequel il a investi une partie de sa fortune. Le résultat est pour le moins déconcertant.
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Cette fable apocalyptique aux allures de péplum met en scène de manière métaphorique le déclin de l’empire américain et la possibilité de bâtir une utopie à même de sauver l’humanité. Vision géniale de l’artiste ou farce boursouflée ou pompeuse ? Le film présenté à Cannes a profondément divisé la critique mais l’ultime geste cinématographique de son auteur ne peut susciter l’indifférence. Sortie le 25 septembre.
► D’Aznavour à Sarah Bernhardt, des biopics à l’affiche
Le genre de la biographie cinématographique est décidément à la mode, même s’il a souvent remporté des fortunes diverses. Premières à entrer en scène, puisqu’il s’agit essentiellement de portraits de femmes, Lee Miller et Niki de Saint Phalle le 9 octobre.
La première, mannequin et muse des surréalistes, devenue photographe pendant la Seconde Guerre mondiale, est interprétée par Kate Winslet dans un film que l’actrice a elle-même produit. La seconde, artiste franco-américaine mariée à Jean Tinguely, est jouée par Charlotte Le Bon et mise en scène par une autre actrice, Céline Sallette.
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Mais les deux gros morceaux de l’automne sont le Monsieur Aznavour, réalisé par Grand Corps Malade et son complice Mehdi Idir avec Tahar Rahim dans le rôle-titre (23 octobre) et Sarah Bernhardt, la divine de Guillaume Nicloux avec Sandrine Kiberlain (18 décembre).
► Le retour de Beetlejuice et du Joker
Malgré la grève à Hollywood l’année dernière qui a raréfié les sorties de grosses productions américaines, deux d’entre elles arrivent sur les écrans cet automne après avoir été dévoilées, dès cette semaine, à la Mostra de Venise.
Présenté hors compétition en ouverture du festival, Beetlejuice Beetlejuice est la suite imaginée par le réalisateur Tim Burton à son film de 1988. On retrouve l’univers du premier opus et ses deux principaux acteurs, Michael Keaton et Winona Ryder (11 septembre).
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Autre suite, celle donnée à Joker de Todd Phillips avec Joaquin Phoenix, qui avait décroché le Lion d’or à Venise en 2019. Baptisé Folie à deux, ce second volet entraîne Lady Gaga dans une histoire d’amour et de crimes (2 octobre).
► Hazanavicius et la Shoah
Michel Hazanavicius a choisi le film d’animation pour adapter le conte de Jean-Claude Grumberg, La plus précieuse des marchandises. En l’occurrence, l’histoire d’un bébé jeté d’un train au milieu d’une forêt durant une « guerre mondiale » et recueilli par un couple de bûcherons qui rêve d’avoir un enfant et va voir sa vie ainsi bouleversée.
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Pour le cinéaste, qui en a signé lui-même les dessins, il s’agissait d’une façon allégorique d’évoquer la Shoah et l’action des Justes tout en tenant l’horreur à distance. Les voix des acteurs Dominique Blanc, Grégory Gadebois et Denis Podalydès accompagnent le récit ainsi que celle de Jean-Louis Trintignant, enregistrée avant sa mort, dans le rôle du narrateur (20 novembre).
► Le choc Rasoulof
Le dernier Festival de Cannes a couronné Anora de Sean Baker. Mais le vrai choc de cette édition a été le film de l’Iranien Mohammad Rasoulof, Les Graines du figuier sauvage, à qui le jury a remis un prix spécial à la tonalité très politique. Il faut dire qu’au moment même où il était présenté à Cannes, le cinéaste sous le coup d’une peine de prison et d’une arrestation imminente empruntait le chemin de l’exil.
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Inspiré par le mouvement Femme, vie, liberté, ce drame familial confronte un procureur contraint d’appliquer la répression édictée par le régime au regard de ses deux filles qui aspirent à davantage de libertés. La disparition de son revolver de service va faire dégénérer la situation. Un huis clos asphyxiant et la métaphore d’un pays au bord de l’explosion (18 septembre).